
Que l’architecture de Marin+Trottin soit périphérique n’est pas une tautologie – comme pourraient le penser ceux qui se souviennent bien qu’au mitan des années 1990, Emmanuelle Marin-Trottin et David Trottin ont fondé le collectif Périphériques avec deux autres duos d’architectes, Anne-Françoise Jumeau et Louis Paillard d’un côté, Dominique Jakob et Brendan MacFarlane de l’autre. C’était la fin des années Mitterrand, celles des grands projets, des grands travaux et des grands hommes qui étouffaient dans l’œuf une génération émergeante dont l’intuition était la suivante : diffracter la pratique de l’architecture pour contrer un individualisme triomphant, prendre des biais pour rester en prise avec une société en mal de perspectives, choisir des angles pour cerner son sujet. Car blocs, idéologies, identités, hégémonies culturelles : le morcellement était en marche, le fractionnement périurbain également.
L’architecture de Marin+Trottin est périphérique ; c’est une entreprise de reconstruction et de réappropriation qui se conjugue bord à bord. Elle se pratique d’abord dans la réciprocité d’un duo qui fonde une discussion au long cours et déjoue les certitudes – « David a besoin, pour construire une réflexion, d’une écoute et d’un retour » dit-elle ; « Dans notre métier, tu peux douter à plusieurs mais jamais seul » confirme-t-il. Elle se pratique ensuite dans la pluralité du collectif pour toucher des exigences complémentaires et réguler les excès.
À six, à quatre, à quinze, à trois, le collectif est une valeur absolue chez Marin+Trottin. Il garantit d’être à la fois soi-même et ensemble (simul et singulis), il permet de multiplier les échelles, d’aborder les gros sujets, de jeter des pavés dans la mare tout en restant petit et libre de se faufiler. Cette valeur ne s’est pas démentie au fil de 25 années de pratique, à travers Périphériques, French Touch et autres avatars collectifs, notamment au sein de la Maison de l’architecture d’Île-de-France où David a longtemps été actif. Elle a fertilisé des projets emblématiques comme la salle de musiques actuelles de Savigny-le-Temple (1999) conçue à la manière d’un cadavre exquis, à rebours de l’unicité, puis la salle de concert Banlieues Bleues à Pantin (2003) qui met en œuvre une improvisation collective autour du thème du hangar selon des principes empruntés au free jazz. Cette valeur collective a guidé des démarches d’urbanisme exploratoires comme l’anti-lotissement de Rezé (2005) construit avec 6 confrères ou l’anti-zac de la rue Rebière (2006), un workshop mené sous la houlette de Marin+Trottin et Anne-Françoise Jumeau auquel ont participé 9 confrères, de Bow Wow à Maupin. Tout récemment, cette méthode s’est répliquée dans le projet pour la Cité du Théâtre aux Batignolles, un concours gagné en duo avec l’agence Nieto Sobejano arquitectos.
Juge et parti
Cette nécessité de conjuguer trouve un territoire naturel dans l’exploration des hors-champs de l’architecture. Les franges, limites, marges et contours sont les lieux d’inspiration d’une pratique centripète qui commence par faire le tour de la question : le tour de la maison individuelle d’abord avec le livre 3 Maisons 1/2 en banlieue, puis l’exposition « 36 Modèles pour une maison » à arc en rêve centre d’architecture (1996) ; un tour d’Europe avec Paillard pour « voir comment ils font ailleurs » ; l’Extra-Ordinary Tour de l’Australie et la Nouvelle-Zélande avec Paillard, Jumeau, Jakob et MacFarlane pour découvrir des maisons en auto-construction (1999) ; le tour de ce qui ne s’appelait pas encore le Grand Paris pour explorer les possibles de l’architecture contemporaine et moderne dans les couronnes de la capitale à l’occasion de Dehors Paris 1 (2008) et Dehors Paris 2 (2010) pour la maison de l’architecture en Île-de-France ; le tour de France enfin, pour dénicher et valoriser les multiples incarnations de l’architecture contemporaine en France dans L’Annuel Optimiste d’Architecture publié par le collectif French Touch (2007-2014).
Ces contours de l’architecture sont aussi des lieux de réinvention pour ces architectes-auteurs qui fréquemment troquent leur rôle contre celui d’éditeur-chroniqueur pour commenter et bousculer le conformisme d’une architecture française installée à la grande table de la haute culture – comme en leur temps Bazin rejoint par Truffaut, Rohmer, Chabrol puis Godard, fondaient Les Cahiers du Cinéma, collectif affirmant « une certaine tendance du cinéma français ». On ne peut être juge et parti ? Si justement, un exercice stimulant mais aussi salvateur pour contrer le temps long de l’architecture par des actions et des publications faites bille en tête, scandant les ardeurs d’architectes, militants un brin provocateurs, foncièrement indisciplinés.
Marin+Trottin abordent l’architecture comme une adjuvante, capable de catalyser des dynamiques et sortir de son cadre pour se faire dispositif. De l’Atrium de Jussieu (2005) au manifeste pour les Halles (2010), de la Gare du futur aux gares du Grand Paris, s’expriment une même connivence avec les flux et leur vivacité, un goût pour le mouvement derrière l’immobilier, et cette capacité à concevoir de véritables échangeurs à personnes et à idées. Orchestrer, faire circuler, rassembler et in fine faire de la station une destination.
La démarche est périphérique par sa vocation à contourner les attendus de la discipline (programme, mission, coût) et donner à une même idée une expression à la fois constructive, esthétique, économique, fonctionnelle et politique. Aux prémices de Marin+Trottin se trouvent de nombreuses salles de spectacle vivant, champs de la performance et du moment en rupture avec les pétrifications supposément attendues de l’architecture. Leur Cité du Théâtre aux Batignolles applique le théorème de Lacaton et Vassal selon lequel « rien ne sert de toucher à l’existant, il faut le contourner ». En créant un vide soutenu par des pleins, la nouvelle cité conjugue ses quatre fonctions tout en donnant à la scène un fond. Et si la ville était un théâtre avec sa cour et son jardin mais aussi sa scène et son lointain. C’est ainsi que la Cité du Théâtre devient le théâtre de la cité, renversement de perspective où le symbole cadre l’objet et l’objet fait le contexte. Même parti et même goût pour la révélation : la bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou (2002), dont le réaménagement poursuit la stratégie de la simplification pour conforter un existant considéré comme une merveille de l’architecture contemporaine. Par un jeu de transparence et d’opacité, la densité ambiante disparaît au gré de la matérialité changeante du miroir, affirmant la valeur cristalline de la connaissance et la qualité de dispositif du bâtiment.
Cette question du diffus et du relâchement poursuit Marin+Trottin. Elle fonde cette architecture de la périphérie qui se charge de rayonner et absorber. Opérer de l’intérieur vers l’extérieur, éclairer dehors est un talisman contre la médiocrité mais surtout un acte de générosité. Trouver son paysage intérieur sans chercher à se distancier était déjà la devise de l’espace culturel de Beaumont-Hague qui s’aligne au propre comme au figuré avec ses voisins de la zone industrielle où il est implanté. Elle s’applique dans la médiathèque de Saint-Paul (2017) qui ouvre ses yeux sur une urbanité compliquée, se métissant aux couleurs du paysage. Cette « gonzo-architecture », déterminée et courageuse, adresse ses clins d’œil à ceux qui les comprendront. Aux autres, elle ouvre ses portes sans distinction ni hiérarchie, heureuse de conforter une pluralité de programmes dans cette grande zone d’activités que la ville semble devenir par endroit.
La matière est un point d’entrée de l’architecture de Marin+Trottin. Elle fixe, capte ce qu’il y a autour, actionne un ressenti physique, déclenche des émotions, des souvenirs. La matière, ce sont déjà les matériaux mis en œuvre, souvent choisis pour leur capacité à carrosser les machines les plus complexes dans une filiation évoquée avec Raymond Loewy. Toucher, composer fait partie de leur palette. Marin+Trottin aiment déjouer cette immédiateté de la matière et provoquer des paradoxes en opérant des contrechamps au programme : du brut dans du chic, de l’industriel dans l’habitat, du noble chez les pauvres et inversement. Utiliser des tubes de céramique comme on les voit dans les zones industrielles pour revêtir des logements en accession, convoquer les écailles en vogue dans les réhabilitations de cités pour recouvrir les façades d’une salle de spectacle ou encore utiliser les briques de pavillons locaux pour construire un centre de formation pour étudiants témoigne de ce goût pour le décalage et le détournement, caractérisant cette architecture du recyclage de symboles.
Car au-delà de l’architecture c’est bien ce qu’elle raconte qui intéresse Marin+Trottin or elle ne raconte pas grand-chose quand elle est attendue ou convenue. Signalons que c’est David Trottin qui, travaillant à l’époque pour Francis Soler, a réalisé avec le graphiste Olivier Fontvielle l’historique sérigraphie qui recouvre le vitrage de la façade des logements de la rue Émile-Durkheim dans le 13e arrondissement de Paris (1997). Superposer un « bordel bien réglé » à celui que les habitants allaient nécessairement entreposer sur leurs balcons filants était un moyen de le faire disparaître mais aussi pour chacun, à l’intérieur comme à l’extérieur des logements, de projeter son propre imaginaire sur ces grands formats de vie. Cette même intention se retrouve sur le linéaire de façade des logements de la rue Frémicourt, un fond commun qui met en scène la diversité des appropriations et signale un goût pour l’unité dans la diversité, le fameux simul et singulis.
Malgré sa charge symbolique, la matière est sensible, honnête et franche ; elle ne cherche pas à dissimiler ses assemblages au profit de la grande composition urbaine. La charge subversive de l’architecture de Marin+Trottin agit comme un révélateur chargé de nous rappeler que derrière le bâtiment il y a du sens, des savoir-faire, des hommes et des femmes et qu’un bon projet est un projet qui se raconte et se partage. « La seule échelle qu’on dessine c’est le détail. Le reste on en parle » résument-ils. Alors pour voir, comprendre et vérifier, le seul outil qui vaille, celui qui traverse les décennies, en devenant toujours plus accessible notamment par la découpe laser, c’est la maquette. Déjà les expositions « Dehors Paris » ou « GénéroCité » (2007) pour le pavillon français de la Biennale de Venise choisissaient la maquette comme objet transitionnel entre le projet et le public. De la maquette, on fait le tour, dans un mouvement périphérique qui donne son ampleur et sa véracité au projet. La maquette est aussi une réduction de l’infiniment grand au tout petit, elle permet de vérifier l’échelle autant que le détail, elle offre la vision globale : « de la ville au boulon » résume-t-il. « Quand un projet est simple, il n’y a aucune raison qu’un détail soit compliqué » dit-elle. Ce respect pour la matière confine à la philosophie et la construction ressemble à de l’assemblage, guidé par un idéal de solidité, d’invisibilité et d’économie de matière. Si la maquette appelle à la simplification pour parvenir à la cohérence d’expression, elle permet aussi d’anticiper les problèmes qui pourraient bien se poser dans la réalité construite.
Outil de travail, la maquette est également un patrimoine vivant. À la différence des plans et perspectives qui dorment dans les data centers, les maquettes chez Marin+Trottin sont exposées aux yeux de tous, ceux qui ont travaillé sur le projet et les autres, les visiteurs, les clients. Leur carton bois vieillit plutôt bien, elles sont légères et manipulables, non muséalisées : ce sont des anti-mausolées qui jalonnent l’agence et rappellent la vocation constructive de la discipline, une construction à plusieurs mains, architectes, ingénieurs, artisans, ouvriers, une œuvre collective donc.
Et une œuvre ouverte car dans cette ronde chacun prend sa place : l’usager, l’habitant, le travailleur, le public, l’utilisateur, celui du début et les autres. « L’architecture, ça dure un an et après c’est un lieu » dit-elle, un lieu avec des usages. Il s’agit de « laisser la liberté mais de contrôler le scénario », ajoute-t-il, seule manière d’accueillir l’appropriation sans qu’elle ne corrompe rien, surtout pas le moral des architectes. Le logement est un terrain naturel de l’appropriation. « Penser un logement c’est penser une maison, et penser une maison c’est penser un endroit où l’on prend le temps de vivre, comme une maison de vacances », dit-elle. Qu’est ce qui caractérise la maison de vacances sinon le plain-pied avec le paysage et la promesse de pouvoir y déambuler légèrement vêtu ? C’est pour cela que Marin+Trottin formulent leur réponse par le filtre : celui des micro-paysages qui font le tour de la maison, comme pour la maison Picnic à Rezé, comme dans les villas Torpédo et comme rue Frémicourt. Pour le reste les usages sont les dérivés des fonctions et confrontés à la mixité et la multiplicité, Marin+Trottin prennent le parti de l’hybride et du collage, rarement celui de l’uniforme. Le projet exploratoire pour Réinventer Paris ou encore le projet pour l’Université de Chicago à Paris sont les incarnations les plus manifestes de ce goût pour la diversité.
Annabelle Hagmann, été 2020
The fact that Marin+Trottin’s architecture is “périphérique” (peripheral) is not a tautology – as some might think, those who recall that in the mid-90’s Emmanuelle Marin-Trottin and David Trottin founded the collective « Périphériques » with two other duos of architects, Anne-Françoise Jumeau and Louis Paillard on one hand, Dominique Jakob and Brendan MacFarlane on the other. It was in the late Mitterrand years, those of the great projects, great work, great people, that nipped in the bud an emerging generation who’s intuition was the following: to diffract the architecture practice to counter a triumphant individualism, take a turn to stay in touch with a society lacking prospects, to find angles in order to define the subject. Indeed, blocks, ideologies, identity, cultural hegemony: Division was ongoing, suburban fragmentation too.
Marin + Trottin’s architecture is « périphérique» ; it is an undertaking of reconstruction and re-appropriation which is combined edge to edge. Its practice is based on the reciprocity of a duo which establishes a long-term discussion and eludes certainties – “David needs listening and feedback, to build his reflection” she says; “In our job, you can doubt but only as a group, never on your own” he adds. This practice then stands in the plurality of the collective, to reach complementary requirements and regulate excess.
In groups of six, four, fifteen, three, the collective is an absolute value at Marin+Trottin It warranties to be both oneself and together (simul and singulis), it allows to multiply scales and tackle larger subjects, to shake things up while remaining small and able to sneak in. This value has not wavered over the past 25 years of practice, through Périphériques, French Touch and other collective incarnations, among others, within the “Maison de l’architecture d’Ile de France ”, in which David had been taking part for a long time. It fertilized emblematic projects such as La Salle de Musiques Actuelles de Savigny-le-Temple (1999), conceived in a Cadavre Exquis (Exquisite Corpse) way , against uniqueness, then the Concert hall Banlieues Bleues in Pantin (2003), which sets a collective improvisation around the theme of the hangar, in accordance with principles borrowed from free jazz. This collective value guided exploratory urbanism process such as the anti-lotissement (anti-housing estate) from Rezé (2005) built with 6 fellow architects, or the anti-zac (anti-trading area) rue Rebière (2006), a workshop carried out by Marin+Trottin and Anne-Françoise Jumeau, to which 9 fellow architects contributed, from Bow Wow to Maupin. Lately, this method replicated in the Cité du Théâtre project in the Batignoles, a competition won as a duo with the Nieto Sobejano arquitectos agency.
Judge and be judged
This necessity to unite finds a natural ground in the exploration of off-screen architecture. The fringes, the boundaries, margins and edges are places of inspiration for a centripetal practice which starts by looking at the question from all angles or as we say in French “faire le tour de la question”:
The tour of the single-family house first with the book « 3 Maisons 1/2 en banlieue » (three and a half houses in the suburbs), then the exhibition « 36 Modèles pour une maison » (36 propositions for a home) in arc en rêve centre d’architecture (1996) ; A tour around Europe with Louis Paillard to see « how they do it elsewhere » ; the Extra-Ordinary tour of Australia and New Zealand with Louis Paillard, Jumeau, Jakob and MacFarlane to discover self-built houses (1999), the tour of what would eventually become Le Grand Paris (The Greater Paris) to explore the possibility of contemporary and modern architecture in the rings of the capital city on the occasion of Dehors Paris 1 (Outside Paris) (2008) and Dehors Paris 2 (2010) for La Maison de l’architecture d’ Ile-de-France; the Tour of France finally, to find and highlight the multiple embodiment of contemporary architecture in France in L’annuel Optimiste d’Architecture (The optimistic architecture yearbook) published by the French Touch collective (2007-2014).
Theses outlines of architecture are also places of re-invention for these architects-authors who frequently trade their role for those of editor-columnist to comment and shake up the conformism of a French architecture settled at the Great Table of High Culture – like Bazin in his own time, followed by Truffaut, Rohmer, Chabrol and Godard, founded “Les Cahiers du Cinéma”, a collective affirming “a certain trend in the French Cinema”. Can one be judge and be judged? Yes! Precisely, a challenging exercise but also a redeeming one to counter long time in architecture by acting and publishing head first, proclaiming the passions of militant, slightly provocative, profoundly unruly architects.
Marin+Trottin approach architecture like an adjuvant capable of catalysing dynamics and falling outside the scope to become a system. From the Atrium de Jussieu (2005) to the manifest for les Halles (2010), from La Gare du futur to les Gares du Grand Paris, the same connivance with the flows, their liveliness and their taste for movement behind the building and this ability to design genuine interchanges for people and ideas. Orchestrate, circulate, gather and, ultimately turning the station into a destination.
The approach is périphérique by its purpose to get around what is expected form this field (program, framework, cost) and give an expression that is both constructive, esthetical, economical, functional and politic to an idea.
At the early stages of Marin + Trottin, one finds numerous performance halls, ground of performance and time in opposition to petrification supposedly expected from architecture. Their Cité du Théâtre in Les Batignoles (Paris) applies Lacaton&Vassal’s theorem according to which “there is no point in touching the existing, we must bypass it”. Creating an emptiness sustained by a wholeness, the new cité combine its four functions while providing a lointain (upstage) to the stage. What if the city was a theatre with its cour (stage left), and its jardin (stage right) but also its stage and its lointain. This is how the Cité du Théâtre becomes the theatre of the city, a shift in perspective where the icon frames the object and the object makes the context. Same commitment and same taste for revelation: the Kandinsky Library from Centre Pompidou (2002), whose refurbishment follows the simplification strategy to confront an existing regarded as a marvel of contemporary architecture. By a transparency and opacity interplay, the surrounding density disappears according to the changing materiality of mirror, affirming the crystalline value of knowledge and the mechanism quality of the building.
This question of diffuse and loosening pursue Marin+Trottin. It establishes this architecture of the périphérie (edge) in charge of radiating and absorbing. Operating from the inside to the outside, lighting outside is a talisman against mediocrity but above all an act of generosity. Finding its inner landscape without trying to distance itself was already the motto of the cultural centre of Beaumont-Hague which aligns literally and figuratively with its neighbours of the industrial area in which it takes place. It applies in the media library in Saint-Paul (2017) that opens its “eyes” on a complex urbanity, which blends itself in the colours of the landscape. This “gonzo-architecture”, determined and bold, addresses its winks to those who will get them. To the others, it opens its doors without distinction or hierarchy, happy to consolidate a variety of program in this large business park the city seems to become in some places.
The material is an entry point for the architecture of Marin+Trottin. It anchors, catches what is around, activate a physical sensation, triggers emotions, memories. The material first is about the materials used, often chosen for their ability to build the most complex machines in a lineage raised with Raymond Loewy. Touching, arranging is part of their range. Marin+Trottin like to foil this immediacy of the material and to cause paradoxes while undertaking reverse angle to the program: raw in chic, industrial in housing, noble in poor and vice versa.
Using ceramic tubes like the ones we see in the industrial areas to clad home ownership units, employing the scales trending for the refurbishment of social housing to wrap the facades of a performance hall or making use of bricks from the local houses to build a technical school demonstrates a taste for discrepancy and hijacking, characterizing this architecture of the recycling of symbols.
Because, beyond architecture, it is what it is telling us that matters to Marin+Trottin, yet it does not tell us much when it is expected and conventional. It should be noted that David Trottin, who worked for Francis Soler at the time, was the one who undertook, along with the graphist Olivier Fontvielle, the famous serigraphy covering the glazing of the housing building rue Emile-Dukheim in the 13th arrondissement of Paris (1997).
Overlaying an “orderly mess” to those that the inhabitants would have necessarily stored on their long balconies was a way to make it disappear but also for everyone, inside and outside the homes to project their own imagination on these large life formats. One finds the same intention on the front elevation of the dwellings rue Frémicourt, a common background producing a diversity of appropriation and indicating a taste for unity within diversity, the notorious simul and singulis.
Despite its symbolic force, the material is sensible, honest and candid; it does not try to conceal its joints to the profit of a large urban composition. The subversive load of Marin+Trottin’s architecture acts as an indicator responsible for reminding us that behind the building there is meaning, craftsmanship, men, women and that a good project is a project that can be told and shared. “The only scale we draw is detail. The rest, we talk about” they sum up.
So, to see, understand and verify, the only tool worthy, the one crossing decades, becoming even more accessible, especially with the laser cut, is the hand model. Yet, the exhibitions “Dehors Paris” or “GénéroCité” (2007) for the French Pavillon of the Venice Biennale, choose the model as a transitional model between the project and the public. We go around the model, in a peripheral movement giving scope and veracity to the project. The model is also a reduction from the infinitely large to the infinitely small and allows testing the scale as well as the detail, it offers an overview: “from the city to the bolt” he summarises. “When a project is simple, there is no reason any detail should be complicated” she says. This respect for the material verged on philosophy and construction resembles an assembly, guided by an ideal of solidity, invisibility and material economy. If the model calls for simplification to achieve a consistency in its expression, it also allows to anticipate issues that could raise in the reality of construction.
Work tool, the model is also a living patrimony. Unlike plans and perspectives sleeping in data centres, at Marin+Trottin models are exposed to everyone, those who worked on the project and the others, visitors, clients. Their sand cardboard ages quite well, they are light and easy to handle, not musealised: They are anti-mausoleums which punctuate the studio and underline the constructive vocation of this field, a multi-hands construction, architects, engineers, craftsmen, workers, a collective piece.
And an open piece because in this round each of them finds its place:, the inhabitant, the worker, the public, the user, the one from the beginning and the others. “Architecture lasts for a certain time and then it becomes a place” she says, a place with uses. It is about “allowing freedom but controlling the scenario”, he adds, the only way to welcome appropriation without it tainting anything, especially not the architects’ morale. Housing is a natural ground for appropriation. “Conceiving a dwelling means conceiving a home and conceiving a home means conceiving a place where one takes time to live, such as a holiday house”, she says. What does characterise the holiday house beside being at the same level as the landscape and the promise to be able to wander lightly dressed? This is why Marin+Trottin express their response with a filter: the one of the micro-landscapes that go around the house, such as the house Picnic in Rezé, such as the villas Torpédo and such as rue Frémicourt. For the rest, the uses are derived from function and confronted to the mixity and multiplicity, Marin+Trottin side with the hybrid, with the collage, rarely with the uniformity. The exploratory project for Réinventer Paris or even the project for The University of Chicago in Paris are the most obvious incarnations of this taste for diversity.
Annabelle Hagmann, Summer 2020